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Campagne céréalière 2013/2014 Le blé français s’exportera moins facilement hors de l'Union européenne

Les productions de grain annoncées en hausse dans l’ensemble des bassins de production pourraient conduire à un afflux de marchandises dans les prochaines semaines sur les marchés à l’export. Le blé français n’est pas assez riche en protéines pour se démarquer de la concurrence.

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L'Ukraine, la Russie et le Kazakhstan devraient contribuer pour deux tiers à la hausse de la production mondiale de blé.  (©Olena Pasternak (Oda))

En ce début juillet, FranceAgriMer dispose de bien plus d’informations sur le contexte dans lequel débute au niveau mondial la campagne céréalière 2013/2014 que sur le niveau national. Mercredi 10 juillet 2013, à la sortie du dernier conseil spécialisé, c’est avec une grande prudence que l’organisme public a confirmé ses prévisions de production de blé à 35,9 millions de tonnes (Mt) et d’orge à 10,5 Mt en France. Ces estimations ont été établies au 1er juillet alors que la moisson n’avait commencé dans aucune région, du jamais vu depuis des années.

Depuis, certains signes laissent penser que les rendements pourraient être plus élevés que ceux retenus pour établir les premières statistiques, à savoir 71,9 q/ha pour le blé et 64,4 q/ha pour l’orge d’hiver. Les conditions de remplissage des grains sont en effet bonnes même s'il fait chaud depuis quelques jours.

Avec près de 36 Mt de blé, il est fort probable que la France dispose d’une capacité d’exportation similaire à la campagne précédente : 17 Mt pour le blé, dont 10,1 Mt à destination des pays tiers. Pour l’orge, le disponible exportable sera forcément inférieur à 2012/2013 établi à 5,7 Mt.

27 Mt de blé en plus au niveau mondial

Si la production française de blé n’annonce rien de spectaculaire, c’est en revanche la conjoncture dans laquelle elle se déroule cette année, qui est particulière. Hormis les Etats-Unis, les productions de blé de nombreux pays producteurs sont estimées supérieures à leur niveau de 2012/2013. FranceAgriMer reprend à son compte les statistiques établies par le Conseil international des céréales, à savoir une hausse de la production mondiale de blé de 27 Mt par rapport à 2012/2013 portée aux deux tiers par la Russie, l’Ukraine et le Kazakhstan dont le potentiel d’exportation a été estimé à 27 Mt. En Europe, la Roumanie, la Bulgarie, l’Allemagne et l’Espagne annoncent des volumes de production en hausse. La production de blé de l'Europe à Vingt-huit atteindrait près de 130 MT.

Même tendance à la hausse dans les pays du Maghreb (hormis l’Egypte - cf encadré) qui réduiront ainsi leurs importations de grains. L’hiver prochain, c’est aussi la production de blé en Argentine qui est attendue à la hausse avec 10 Mt.

L’Egypte ne sera pas abandonnée

Plus rien ne va. La collecte de blé en Egypte déçoit alors que le pays est en proie à de sérieux problèmes politiques. Premier importateur mondial de blé, plusieurs pays seraient prêts à aider financièrement l’Egypte à financer les importations de céréales. Certes, il s’agit d’un geste commercial mais plus que nécessaire pour que la situation économique très dégradée du pays n’aggrave pas la crise que vivent au grand jour 90 millions de consommateurs.

Conséquence déjà perceptible de ces prévisions sur les marchés depuis quelques semaines, le repli important des cours sans savoir s'ils vont se stabiliser à leur niveau actuel, sous la barre des 200 €/t ou s'ils vont encore refluer. Car la hausse de la production de blé au niveau mondial, qui ne permettra au final que de restaurer les stocks de fin de campagne en 2014 à leur niveau de juillet 2012, pourrait cependant se traduire dans les prochaines semaines par un approvisionnement important en blé d’origine de la Mer noire, ce qui entraînerait mécaniquement une baisse des prix. Et ce serait alors en exportant durant la seconde partie de la campagne que le blé français pourrait être vendu à meilleur prix.

Les regards tournés vers la Chine et les Usa

Ce sont la Chine et les Etats-Unis qui pourraient donner aussi le « la » aux marchés dans les prochains mois. La Chine, car les dégâts survenus fin juin sur les parcelles des provinces de Hunan et du Jiangsu pourraient réduire notablement la production de blé. L’Empire du milieu pourrait même être contraint d’importer 3,5 Mt voire 10 Mt de blé, soit l'équivalent des pertes subies.

Au Etats-Unis, la baisse de la production de Hrw et Hrs, hautement protéinés, de 6 Mt, pourrait se traduire sur les prix mondiaux par une forte prime à la protéine. Ce qui désavantagerait le blé européen moins riche en protéines que l’an passé et par conséquent directement concurrencé par les grains de la Mer noire.

En revanche, ce sont les politiques monétaires américaines et européennes annoncées il y a quelques semaines, qui pourraient rendre le blé français compétitif avec un euro déprécié vis-à-vis du dollar.

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